Mon identité culturelle après le point, sur le Web

Un nouveau champ de promotion de l’identité québécoise est en passe d’apparaître sur le Web. Le 26 octobre, l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (Icann) a ouvert la porte à ceux qui voudraient sortir du carcan saturé des « .com » (96 millions) ou des codes de pays en deux lettres comme « .ca » pour Canada.

D’ici à juin 2011, ils pourront déposer une demande de nom de domaine « linguistique et culturel » ou Lctld (pour Linguistic and Cultural Top Level Domain) dans le jargon des initiés. La Catalogne a été la première à revendiquer et obtenir un tel nom, en 2006.

« Depuis la mise en application du « .cat », de nombreux organismes ou entreprises se sont enregistrés deux fois, en « .es » pour Espagne et « .cat » pour Catalogne, afin d’augmenter leur visibilité « , souligne le président fondateur de PointQuébec, Normand Fortier.

Il mène campagne, depuis 2007, pour que le Québec suive l’exemple catalan. « Les Lctld sont très importants, dit-il, pour donner un espace Web aux dix millions de francophones mais aussi pour que d’autres langues et cultures s’expriment. »

Il sera prêt, en juin, à déposer deux demandes à l’Icann « .québec (avec accent) et « .quebec » (à l’anglaise), affirme le consultant en informatique.

Il a lancé, sur le Web, une campagne d’appui « Un point pour le Québec » et mise sur 2012 pour débuter les enregistrements de ces deux noms de domaine.

« .paris » ou « .berlin »

L’organisme sans but lucratif qu’il dirige refuse toute étiquette politique, y compris indépendantiste… « Je ne touche pas à la politique », lâche M. Fortier, qui a néanmoins obtenu, en juin 2008, l’appui unanime de l’Assemblée nationale du Québec à son initiative, saluée comme un « atout de plus pour l’identité québécoise ».

L’annonce de l’Icann tombe à point, alors que M. Fortier s’attriste de la décision récente de l’Autorité canadienne pour les enregistrements Internet (ACEI) de se concentrer sur la gestion de 1,5 million de noms de domaine « .ca » en laissant tomber tous les autres : provinciaux, comme « qc.ca » pour le Québec et « on.ca » pour l’Ontario, ou municipaux, comme « montreal.ca ».

L’AECI continuera à gérer les noms déjà enregistrés, mais « il n’y avait pas assez de demandes et elles complexifiaient le système », estime son président, Byron Holland, qui ajoute que le Canada était l’un des seuls pays à avoir maintenu ces distinctions.

Elles devraient tout de même ressurgir au niveau international à la faveur de la décision de l’Icann. M. Fortier estime qu’une centaine de noms de domaine Lctld devraient ainsi voir le jour dans les années à venir. Aux côtés de « .québec », des projets de « .bzh » (pour la Bretagne), « .sco » (pour l’Ecosse), « .lat » (pour l’Amérique latine), mais aussi « .paris », « .berlin » ou « .newyork » sont, selon lui, déjà bien avancés.

Anne Pélouas
Source: Le Monde.fr