Présidentielle : le squat des noms de domaine fait fureur

A l’approche de l’élection présidentielle, le cybersquatting se développe : Morin2012.fr renvoie vers un blog caustique et francoisfillon.fr vers le site de campagne de François Hollande.

«J’essuie, j’existe». Ce n’est pas le slogan de campagne du centriste Hervé Morin mais l’accroche du site vers lequel renvoient les noms de domaine Morin2012.fr et Morin2012.com. A l’approche de la présidentielle, de plus en plus d’internautes squattent les noms de domaine des candidats. On appelle cela le cybersquatting.

Les motivations de ces internautes sont variées: gêner la stratégie de communication numérique du candidat, faire le buzz sur son site personnel ou parfois essayer de monnayer la cession du nom de domaine. Deux jours après son entrée en campagne, Hervé Morin n’a pas de site officiel et les internautes qui tapent «Morin 2012» sur un moteur de recherche se retrouvent sur un blog sarcastique qui débat de sujet aussi variés que «le caca», «le grand espoir de 2012» ou encore «la parole de l’ivrogne». On peut rêver meilleure entrée en campagne sur le web.

D’autres noms de domaines stratégiques sont également squattés et pourraient donner du fil à retrordre aux équipes de campagne. La liste est longue. Nicolassarkozy2012.fr renvoie vers le site d’une femme qui a un salon de tatouage et qui défend le caractère artistique de son métier. Sur la homepage de son site, on peut lire : «Un combat, une vie, 15 ans». Le site sarkozy-2012.info.fr est également squatté mais par des opposants à la politique conduite par le chef de l’Etat. Le bandeau de homepage vend ainsi le site comme «Une source d’information sur Nicolas sarkozy, son gouvernement et l’UMP», mais le libellé des onglets en dit long sur la teneur des articles: «Sarkodégage», «Sarkozynade».

«francoisfillon.fr» renvoie vers le site de Hollande

Hollande2012.fr renvoie sur le site Lolitique.com, «petites phrases assassines entre amis de la politique», un blog qui recense les promesses des candidats ou leurs petites phrases. «Sarkozy: ‘J’ai pas été élu pour augmenter les impôts !’ ou encore «Nadine Morano : ‘Hollande président ? C’est la ruine du pays’».

Le nom de domaine du candidat socialiste a fait l’objet d’une véritable bataille. Son nom de domaine a été squatté par un chômeur qui a donné un coup de pub à sa recherche d’emploi dans le domaine du marketing et de la communication. Courant octobre, l’adresse «hollande2012.fr» a également momentanément redirigé vers le site internet de l’UMP, avant de mener vers un graphique chiffrant le coût de la primaire socialiste. La réponse du camp d’en face ne s’est pas fait attendre: «francoisfillon.fr» renvoyait lundi matin vers le site officiel de campagne de François Hollande.

La campagne présidentielle va de plus en plus se jouer sur le net et les noms de domaine sont devenus un véritable enjeu pour les candidats.En septembre dernier, c’est Jean-Louis Borloo qui a dû batailler pour récupérer son site borloo2012.com. En 2007, Bertrand Delanoë avait dû en passer par la justice pour récupérer delanoe2008.com, utilisé par ses opposants. Les élus obtiennent systématiquement gain de gause car ils ont la loi avec eux: si l’achat de nom de domaine est libre, leur utilisation est très réglementée notamment pour les élus.

Un texte de mars 2011 dispose ainsi que «l’enregistrement des noms de domaine peut être refusé lorsque celui-ci est susceptible de porter atteinte à des droits de propriété intellectuelle ou de la personnalité, sauf si le demandeur justifie d’un intérêt légitime et agit de bonne foi.».

Auteur : Fabrice Amedeo
Source LeFigaro.fr

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