Internet : faut-il craindre la nouvelle extension.vin ?

Une extension des noms de domaine en.vin sera disponible, dès juillet. Les professionnels locaux craignent les dérives.

Une extension des noms de domaine en.vin sera disponible, dès juillet. Les professionnels locaux craignent les dérives.

Les petites grappes bourguignonnes ont-elles besoin d’une extension de nom de domaine en.vin (prononcez « point vin »), plutôt qu’un.fr pour attirer les consommateurs ? Pas sûr. Surtout que les professionnels locaux craignent une utilisation de cette nouvelle extension par des personnes totalement extérieures au milieu viticole.

Face à la pénurie d’extensions de noms de domaines en.fr ou.com, par exemple, l’Icann (Internet corporation for assigned names and numbers), l’agence chargée de réglementer au niveau mondial les noms de domaine internet, a lancé, en 2012, un appel d’offres offrant la possibilité de créer de nouvelles extensions. 1 930 demandes ont été déposées, dont le.vin. Ce dernier, proposé par une entreprise américaine, Holly Shadow LLC, a été accepté par l’Icann. D’ici deux mois, l’opérateur devrait pouvoir vendre des.vin aux acheteurs intéressés. Séverin Barioz, directeur de la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne, s’en inquiète : « Des petits malins vont sûrement acheter des noms de domaines pour les vendre de l’or ensuite, alors qu’ils n’ont rien à voir avec le milieu viticole ».

Pour parer ces dérives, l’Icann a mis en place le Trademark clearing House, ou Chambre de compensation. Depuis le mois de juin, les détenteurs de marques, peuvent donc, pour protéger leur marque sur Internet, la déposer pour 120 €. L’intérêt ? « Avant que l’achat du.vin soit public, les détenteurs de marques qui l’auraient déposée, bénéficieront d’un temps où ils seront les seuls à pouvoir acheter l’extension.vin. Et s’ils ne le font pas, ils recevront une information si quelqu’un le fait à leur place », explique Christophe Lelieur, avocat-conseil chez Legimark.

La France rejette le projet

Les moyens de recours existent. Le titulaire de la marque usurpée peut mener une procédure d’arbitrage devant l’OMPI (Organisation mondiale de la propriété intellectuelle). Mais c’est insuffisant pour Séverin Barioz : « Pour déposer une marque, il faut avoir une notoriété suffisante, cela touche très peu de producteurs en Bourgogne ». Donc l’inquiétude persiste pour les indications géographiques vitivinicoles.

La France, l’Espagne et la Communauté européenne ont déjà émis un avertissement négatif sur ce projet.

Auteur : Léonie Place
source : BienPublic.com