L’Icann a présenté son nouveau CEO, Fadi Chehadé. Ce Libanais aux racines égyptiennes et résidant aux Etats-Unis sera chargé de diriger le gestionnaire des noms de domaine pendant l’une de ses plus longues périodes transitoires.
Avec Fadi Chehadé (50 ans) c’est non seulement un challenger qui s’empare des rênes du régulateur des domaines, mais aussi un homme possédant trois nationalités et parlant parfaitement l’arabe, l’anglais, le français et l’italien. Après la période turbulente au cours de laquelle le très contesté Rod Beckstrom a fait la pluie et le beau temps, ce sera bientôt Chehadé qui devra ramener le calme afin d’optimaliser les relations avec les Nations Unies notamment, ainsi que pour mener à bien l’introduction des nouvelles extensions internet.
Mais le chrétien copte est bien conscient de ce qui l’attend, comme il l’a très clairement indiqué durant le discours inaugural à la fois prenant et par instants impressionnant qu’il prononça lors de l’ouverture de la 44ème conférence Icann à Prague. “Je suis une personne consensuelle”, a-t-il affirmé. “C’est là l’une des principales raisons pour lesquelles je suis ici maintenant. J’aime trouver des compromis, afin de pouvoir dénicher des éléments communs à propos desquels diverses parties peuvent s’entendre.”
Chehadé n’a pu non plus s’empêcher de lancer quelques pics à l’adresse de son prédécesseur: “Peu m’importe à qui échoit l’honneur de nouvelles réalisations. Ce qui est plus important, c’est que l’on progresse.”
Rod Beckstrom était quelqu’un qui aimait le culte de la personnalité. Quelqu’un pour qui ce culte de la personnalité était souvent plus importa nt qu’une gestion correcte et efficace. Il en est résulté qu’en trois ans, quasiment la totalité de l’équipe de senior management au sein de l’Icann s’en est allée. Nombre de collaborateurs démissionnaires n’ont pas hésité à exprimer leur inquiétude et à dénoncer le climat délétère qui régnait au sein de l’organisation.
Peleur d’oignons
L’arrivée de Fadi Chehadé au poste de CEO va faire souffler un vent frais sur l’Icann. Pour vous donner une idée, à 13 ans, il a appris comment utiliser des armes pendant la guerre civile au Liban. A 18 ans, il arriva à Los Angeles, sans parler le moindre mot d’anglais. Il travailla alors comme peleur d’oignons.
Après des études à Stanford, il grimpa les échelons professionnels jusqu’à devenir entre autres general manager des Global Technology Services d’IBM au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Jusqu’il y a peu, Chehadé fut aussi CEO de Vocado, un éditeur américain de logiciels qui propose des applications ‘cloud’ pour l’administration des instituts d’enseignement.
Depuis 1987, Chehadé a également créé trois entreprises, dont RosettaNet, une société non marchande qui avait comme but d’orienter des géants IT comme IBM, HP, Nokia et Microsoft vers des standards communs. En d’autres mots, il possède déjà une certaine expérience dans la recherche de possibilités collaboratives.
Chehadé a aussi fait quelques promesses à Prague: “J’écouterai. Je vous écouterai tous. Il est possible que nous ne soyons pas toujours d’accord, mais je vous écouterai.”
“Je serai très transparent, super-transparent”, a poursuivi le nouveau CEO. “Y a-t-il un mot plus fort encore? Extra-transparent peut-être?” Et d’ajouter ces mots, encore plus importants sans doute: “Toutes les décisions que je prendrai, le seront dans l’intérêt général.”
“L’Icann ne peut devenir une forteresse, mais doit être une oasis où les gens aiment venir. Voilà pourquoi il est essentiel qu’à l’avenir, nous excellions en efficience et en professionnalisme. Nous devons faire dix fois mieux que le monde commercial. L’internet est un cadeau pour tout le monde et il doit le rester.”
Jusqu’au 1er octobre, c’est l’actuel COO de l’Icann, Akram Atallah, qui remplacera Rod Beckstrom au poste de CEO.
Source: datanews.levif.be