Une coalition de sites pornographiques s’attaque au .XXX et à l’Icann

YouPorn, Playboy, le puissant studio Digital Playground et bien d’autres : une coalition d’éditeurs de sites et de films pornographiques américains a déposé, le 16 novembre, une plainte contre le gestionnaire d’Internet (PDF), l’Icann, et l’entreprise ICM Registry, qui gère le tout nouveau domaine Internet .xxx, conçu pour les sites pour adultes.

Ces éditeurs accusent l’Icann et ICM Registry de pratiques anti-concurrentielles et monopolistiques. Au cœur de leur critique se trouve l’obligation qui leur est faite, selon eux, d’acheter un nom de domaine en .xxx pour se prémunir face à d’éventuels cybersquatteurs. Une obligation liée au fait que le triple X soit associé dans l’esprit des consommateurs aux contenus pornographiques. « Par exemple, YouPorn.com est dans l’obligation d’empêcher toute autre personne de créer un site utilisant l’adresse proche YouPorn.xxx. Sinon les consommateurs cherchant à visiter YouPorn.com pourront arriver sur YouPorn.xxx, ce qui causerait à YouPorn.com un manque à gagner et nuirait à sa réputation », détaille la plainte.

ICM registry nie de son côté toute vente « forcée ». « Comme nous l’avons démontré à de nombreuses reprises dans le passé, nous avons pris des mesures pour nous assurer que ce domaine est lancé de la manière la plus légale et la plus responsable possible », affirme l’entreprise. Il n’en demeure pas moins qu’il est difficile, pour un site pornographique, de ne pas acheter le nom de domaine de sa marque en .xxx, en complément de son nom de domaine habituel.

Malgré les prises de position divergentes de certains acteurs, l’industrie pornographique était majoritairement opposée à la création du domaine .xxx. Elle contestait son utilité, et craignait qu’il ne soit, à terme, rendu obligatoire d’y héberger les sites pour adultes, ce qui faciliterait leur filtrage. Il est en effet beaucoup plus simple de bloquer l’accès à un domaine dans son ensemble que d’utiliser des listes de mots-clés, comme le font aujourd’hui les logiciels de contrôle parental et certains états qui ont interdit les sites pornographiques, dont la Chine.

IMPLICATIONS IMPORTANTES POUR LES NOUVEAUX DOMAINES GÉNÉRIQUES

Cette plainte pourrait avoir d’importantes répercussions dans des domaines n’ayant rien à voir avec la pornographie. L’Icann est actuellement en pleine phase de préparation pour le lancement de nouvelles extensions, qui pourraient concerner aussi bien des zones géographiques (deux dossiers, pour un .bzh et un .corsica, ont été déposés en France) que des entreprises ou des mots génériques (.sante, .shop,…).

Déjà complexe – et onéreuse – la procédure de création de nouveaux domaines pourrait faire l’objet de procédures similaires, si les tribunaux donnent raison aux éditeurs de sites pornographiques. En effet, même si l’association entre contenu et domaine est particulièrement forte pour les sites en .xxx, des entreprises pharmaceutiques pourraient par exemple arguer que les nouveaux noms de domaines les contraindraient à enregistrer un site en .sante et probablement dans d’autres domaines génériques.

source LeMonde.fr