Les bureaux d’enregistrement subissent actuellement les revirements de certains registres. Derniers exemples en date, Godaddy quitte la Chine, la Russie durcit ses conditions d’enregistrement et OVH ne peut pas vendre de .Tn en Tunisie !
Dur, dur d’être « registrar » ! Ce métier achoppe de plus en plus sur les nouvelles conditions d’enregistrement dictées par chaque extension, qui peut s’amuser à les changer à tout moment.
Ainsi, le numéro un mondial des prestataires de noms de domaine (j’ai nommé Godaddy) a annoncé courageusement qu’il allait se retirer du marché chinois. A la manière du grand frère américain Google, Godaddy a déclaré qu’il ne souhaite pas « se conduire comme un fonctionnaire du gouvernement chinois ». L’impavide Godaddy renonce donc à un marché immense où il gère, depuis 2005, 27 000 .Cn. La situation financière de cette société peut s’en trouver affaiblie.
Je l’ai déjà écrit dans une chronique précédente, déposer un .Cn est devenu une chimère. Avec les conditions d’enregistrement devenues draconiennes, aucun prestataire n’est en mesure d’en déposer un facilement .CN. Tous n’ont cependant pas communiqué aussi habilement que Godaddy.
La Chine n’est pas le seul pays à faire volte-face. Récemment, la Russie a exigé la fourniture d’une copie de son passeport ou des documents justifiant la création d’une société pour créer un .Ru ! Des règles drastiques qui remplacent une charte auparavant très libre.
Des accréditations impossibles à obtenir
Les pays peuvent aussi choisir de ne pas avoir de « registrar » étranger sur ses terres. Ainsi, on apprend que le leader français OVH, qui n’est pas fournisseur d’accès internet local, ne pourra pas devenir le bureau officiel du .Tn tunisien. L’hébergeur devra donc trouver un partenaire sur place pour commercialiser des noms de domaine tunisiens. Une pratique habituelle : il s’agit d’utiliser les accréditations de confrères quand les conditions pour être « registrar » sont trop draconiennes.
Certains pays se sont même en partie affranchis de ce système en vendant directement leurs extensions via leur registre. 25 % des extensions nationales fonctionnent de cette manière. Il s’agit essentiellement de pays en voie de développement mais pour d’autres, c’est un choix assumé.
Le .Ch suisse est ainsi vendu en direct par le registre national Switch, ou sa quarantaine de bureaux d’enregistrement officiels. Ce nombre de partenaires est faible par rapport au quasi millier de bureaux accrédités par l’Afnic pour le .Fr. Il est vrai que pour être « registrar » du .Ch, il faut déjà posséder 1 000 noms de domaine locaux. Encore une spécificité locale à laquelle les bureaux d’enregistrement doivent s’adapter.
Source: O1.net
Auteur: Jean-François Poussard