« L’organisme de gestion du Net veut limiter la pratique du ‘ domain tasting ‘, qui consiste à annuler légalement la réservation d’un nom de domaine après en avoir évalué le potentiel sur la Toile. Il a lancé une consultation publique sur ce sujet.
L’Icann, organisme chargé de gérer les noms de domaine sur internet, s’inquiète des conséquences de la pratique de ‘ domain tasting ‘. Elle consiste à déposer des noms de domaine, tous azimuts, afin de tester l’audience qu’ils sont susceptibles de générer naturellement, pendant la période de rétractation en vigueur, à savoir cinq jours. Juste avant l’expiration du délai, ne sont alors conservés que les plus probants, c’est-à-dire un infime pourcentage.
Dans le principe, la période de rétractation permet à une personne de revenir sur son dépôt de nom de domaine, d’en effacer l’enregistrement et de récupérer la somme versée pour sa réservation. Au départ, elle est notamment garantie pour permettre la correction de fautes de frappe dans les noms déposés.
1,7 million de .org réservés, 10 800 conservés
Mais une poignée de dépositaires professionnels profitent de cette fenêtre de quelques jours pour tester, au quotidien, des dizaines de milliers de noms de domaines. Ainsi, au cours du seul mois de janvier 2007, cinq sociétés avaient réservé 1,7 million de noms en .org, pour finalement n’en conserver que 10 800 au bout de cinq jours. Les autres (99,4 % des noms déposés) sont alors redevenus disponibles instantanément, sans avoir pu être facturés par les bureaux d’enregistrement.
Ce même mois, quelque 45 millions de noms de domaine en .com et .net furent effacés par une dizaine de dépositaires après avoir été éprouvés, sur un total de 47 millions de noms réservés. En général, il s’agit d’un processus automatisé, basé sur des algorithmes sophistiqués pour sélectionner, tester, garder ou rejeter les noms sur la base de leur valorisation monétaire potentielle.
L’objectif est de détecter les noms de domaine qui, parce qu’ils font souvent l’objet de requêtes directes de la part des internautes (music.com, cars.com, par exemple) ou constituent des fautes de frappe courantes (googlr.com a par exemple été déposé par sécurité par Google), peuvent générer des revenus publicitaires via des liens sponsorisés.
Une pratique qui inquiète depuis 2006
Cette spéculation a cependant son revers. ‘ Nous nous soucions de l’impact potentiel du domain tasting sur la stabilité et la sécurité d’internet ‘, écrivait déjà en 2006 le gestionnaire du domaine .org, dans un courrier adressé au SSAC (Security and Stability Advisory Committee) qui est rattaché à l’Icann.
Cette situation a poussé l’Icann, au mois de juin dernier, à publier un rapport synthétisant les conséquences potentielles du domain tasting. Elles vont de la déstabilisation du système DNS (Domain Name System) aux coûts supplémentaires imputés aux dépositaires légitimes, en passant par la confusion introduite auprès du consommateur, les abus d’image de marque potentiels et les autres activités répréhensibles.
La semaine dernière, l’organisation a lancé une consultation auprès de la communauté internet afin de réfléchir, dans l’intérêt du public, aux moyens de limiter cette spéculation sur les noms de domaines. »
Source ZDNet