USA : le .sucks inquiète et fait craindre guerres des marques et diffamations

Un sénateur américain s’émeut des usages potentiels du .sucks et des risques qu’il fait encourir aux marques et individus. D’autant que certains opérateurs de noms de domaine semblent vouloir en faire un business lucratif.

Des extensions de nom de domaine, il y en a des dizaines, drôles, sérieuses, surprenantes et puis, dans une catégorie, rien que pour elle, il y a le .sucks. Pour ceux qui auraient oublié de potasser la langue de Benny Hill, quand quelque chose « sucks », c’est qu’elle craint assez méchamment, pour être poli.

Un point dangereux

Dès lors, on imagine bien qu’une société qui verrait son nom suivi d’un .sucks pourrait ne pas être emballée. C’est en substance ce que déclare le démocrate Jay Rockfeller, membre du comité sénatorial du commerce, dans une lettre ouverte adressée à l’Icann, l’instance qui gère les domaines du Web.
« Je crois que quel qu’il soit, le potentiel de ce gTLD (generic Top Level Domain, NDLR) pour accroître le choix ou la concurrence dans le secteur des noms de domaine n’est rien en comparaison des façons dont il pourrait être utilisé pour diffamer des individus, des sociétés ou des associations », écrit-il. Le sénateur craint que le .sucks n’aboutisse à des tentatives d’extorsions.
Si des esprits mal intentionnés trouveront toujours à négocier ce genre de nom de domaine auprès d’une marque qui souhaite préserver son image, on peut également imaginer que les sociétés ou individus, qui en ont les moyens, tenteront systématiquement d’acheter ce gTLD, par précaution. Pour Jay Rockfeller, c’est un moyen pour les sociétés qui vendent les noms de domaine de générer des revenus grâce aux « enregistrements défensifs ». Une autre forme d’extorsion, finalement. Le sénateur américain cite ainsi une registraire canadien qui propose d’ores et déjà, alors que la gestion du .sucks n’est pas encore attribuée, de réserver son domaine avec cette extension. Une réservation prioritaire est facturée 250 dollars, tandis qu’une réservation de marque déposée coûte, elle, 2500 dollars pour l’instant. La facture grossira à 25 000 dollars quand le gTLD sera officiellement lancé.
Avec un sens de l’à propos assez stupéfiant, le sénateur Jay Rockfeller conclut sa plaidoirie en indiquant que le .sucks ne sert pas l’intérêt général. Et demande à l’Icann si elle laisserait un tiers enregistrer le nom de domaine icann.sucks. A quand l’extension .sucksbigtime ?
Auteur: Pierre Fontaine
Source: 01.net