Depuis son existence, Internet a souvent changé en termes de structure, contenu et organisation. Cette évolution constante avait pour objectif de coller aux besoins des utilisateurs et ceux qui les exploitent pour leurs affaires. Et c’est sûrement dans ce cadre que s’illustre la demi-journée qui a eu lieu le mardi dernier au sein des locaux du Centre des promotions des exportations (CEPEX). Une demi-journée sous le signe des «Noms de domaines Internet» et qui avait pour but d’annoncer les nouveaux changements à prévoir dans ce domaine.
gTLD au menu
Et ce sont les domaines génériques de premier niveau, dits gTLD, qui étaient au menu des annonces à faire. Ces derniers représentent une sorte d’extension Internet au sommet de la hiérarchie des domaines. Les plus connus d’entre eux sont bien sûr le .com, .org ou bien le .net. A l’heure actuelle, il n’existe qu’une vingtaine de gTLD. Souvent soumise à des restrictions assez sévères, l’acquisition d’un nom de domaines n’était pas une procédure sans difficulté.
Et c’est afin de faciliter cette procédure et de rendre l’achat des noms de domaines plus accessible à tous que l’ICANN (Internet Corporation for assigned names and numbers), organisation à but non lucratif chargée de la gestion des adresses IP et des noms de domaines, a décidé de modifier quelques règles. Elle annonce un nouveau programme dans lequel elle ouvre la porte aux différents utilisateurs d’Internet tels que les entrepreneurs, gouvernements, communautés et entreprises en leur permettant de définir et d’utiliser des domaines génériques de premier niveau, de leur choix.
Organisée par la Fédération méditerranéenne des Associations de l’Internet (FMAI) et inaugurée par le PDG de CEPEX, cette journée a noté la présence de plusieurs acteurs imminents tels que Moez Chakchouk, PDG de l’ATI (Agence Tunisienne d’Internet) ou encore Sébastien Bachollet, membre du conseil d’administration de l’ICANN. Elle a donné ainsi l’occasion à ce dernier de détailler le programme des nouveaux gTLD, en citant ses avantages pour les investisseurs et les différentes étapes à faire pour y postuler.
Une facture bien salée !
Dans sa présentation, Bachollet a commencé par un petit historique sur l’Internet suivi d’une classification des noms de domaines existants. Par la suite il a clarifié le rôle de l’ICANN en tant qu’autorité de régulation de l’Internet et société de droit californien à but non lucratif contrôlant l’accès à tout domaine virtuel, qu’il soit générique ou national. Il a conclu par une petite présentation des acteurs de ce nouveau programme: les registrars (ceux qui vendent les noms de domaines génériques) et les registries (ceux qui postulent pour la candidature d’un gTLD).
L’exposé de Sébastien Bachollet a été très attentivement suivi et a soulevé des questions de la part des invités qui ont demandé des éclaircissements sur quelques points sur lesquels l’intervenant est passé rapidement.
Mais c’est en fait le dernier «slide» sur le prix à payer pour la candidature à un gTLD qui a secoué les présents : 185.000 USD comme frais préliminaires, 5.000 USD à payer en acompte au premier coup !
Une facture bien salée ! Et les réactions ne se sont pas faite attendre. Ces chiffres ont été contestés par les présents : chefs d’entreprises, secrétaires généraux d’associations tunisiennes et professionnelles dans le marché privé. Ils étaient tous partagés entre un effet de surprise et un sentiment de refus qui se manifestait par des interventions multiples dénonçant cette somme «inaccessible» disaient-ils, pour les entreprises et les sociétés privées non seulement en Tunisie, mais, aussi, dans tous les autres pays d’Afrique.
La réponse de M. Bachollet, soutenu par m. Tijani Ben Jemaa, membre de l’ALAC, s’est s’appuyée sur le fait que l’ICANN a travaillé durement pour la mise en place de ce programme et qu’elle a investi des sommes énormes dans ce travail. L’organisme voulait couvrir ses dépenses d’ici le 12 avril 2012. Il a aussi précisé que les risques de non-respect du «guide» (cahier de charge, a expliqué m.Tijani) pouvaient générer des poursuites judiciaires et que la somme versée par les candidats n’est qu’une partie de l’argent qui pourrait être mise à disposition pour ce genre d’incidents.
Avancement de la réforme réglementaire de l’espace de nommage
La deuxième session a accueilli Asma Messaoudi, de l’INT (Instance Nationale des Télécommunications), Tarek Ghodbani, Malek Ben Nedjma, de NIC-LIR et le PDG de l’ATI, et avait pour objectif la présentation de la situation actuelle de la Tunisie par rapport au programme en question, avec la mobilisation de ses organismes publics concernés par le sujet tels que l’ATI et l’INT, et la sensibilisation des différentes classes professionnelles à l’importance du sujet débattu. Asma Messaoudi a pris la parole et a expliqué l’avancement de la réforme réglementaire de l’espace de nommage «.tn» et .« تونس ». Ensuite Tarek Ghodbani a enchaîné avec les plateformes d’enregistrement en ligne des noms de domaine Internet «.tn» et .« تونس ».
A ce stade de la journée, les invités avaient encore du souffle pour bien suivre et pour poser des problématiques assez intéressantes, à l’instar de l’intervention de l’un des présents qui cita le problème du droit de choix des noms de domaines. En effet, si les conditions financières sont disponibles pour un individu ou une société quelconque dans le monde, personne ne pourrait l’empêcher de choisir un nom de domaine .«تونس » ou .tunis d’autant plus que par exemple aux USA il existe vraiment une ville portant le nom de «Tunis». La sonnette d’alarme devait être tirée sur ce point pour ne pas retrouver des domaines avec un contenu n’ayant rien à voir avec le nom du site, alors que des centaines de milliers de dollars auraient été versés pour acheter ce nom de domaine.
Finalement, la session s’est terminée avec un nouveau sentiment de responsabilité partagé entre tous : hommes d’affaires, directeurs d’entreprises et hauts responsables. Responsabilité d’être présents et vigilants d’une part, et d’être solidaires d’autre part, s’entraider pour pouvoir affronter la rude et impitoyable concurrence du monde extérieur et rivaliser avec les puissances même par une simple présence.
auteur : Aymen Drira
Source Webdo.tn