Les sites Web à caractère pornographique devront utiliser le suffixe «.xxx». Les associations de familles redoutent la création d’«une zone de non droit».
Les sites classés X vont avoir leur espace réservé sur Internet. Stuart Lawley, le PDG de l’entreprise britannique ICM Registry peut donc se frotter les mains. Son opiniâtreté a fini par payer. Son entreprise est autorisée à vendre les adresses Internet pour des sites réservés aux adultes. Comme les sites français terminent en «.fr » ou ceux commerciaux finissent en «.com », les sites Web à caractère pornographique devront utiliser le suffixe «.xxx». La société ICM Registry revendique depuis une dizaine d’années ce monopole mondial sur Internet. Cette autorisation lui a été accordée, la semaine dernière, à San Francisco, par l’Icann, l’instance responsable du nommage des sites Web, contrôlée par le ministère américain du Commerce.
Les discussions n’ont pas manqué de sel. L’un des opposants à la création d’un «ghetto» pour l’industrie pornographique fut l’avocat de Larry Flint, patron du groupe éponyme qui publie notamment le magazine Hustler. Dans son ensemble, l’industrie pornographique est hostile à la mise à l’index de leurs sites sur Internet, sous le suffixe «.xxx». De leurs côtés, les associations de familles sont également opposées : elles redoutent la création d’«une zone de non droit».
La protection des mineurs renforcée
Toutefois, grâce à un espace réservé, les mécanismes de filtrage, par les fournisseurs d’accès Internet ou les logiciels de navigation seront facilités. La protection des mineurs devrait être renforcée. Malgré ces risques, les entreprises devront tout de même adhérer au mécanisme du «.xxx » qui sera un dénominateur commun. Sinon, elles risquent de se faire chiper les noms de domaine par leurs concurrents ad vitam eternam.
L’autorisation du «.xxx» arrive après d’incroyables péripéties. «Stuart Lawley a dû dépenser plusieurs dizaines de millions de dollars en frais d’avocats et en lobbying», estime un bon connaisseur du dossier. En 2005, l’Icann donne son feu vert à un nom de domaine spécifique aux sites pornographiques, mais la décision tarde à entrer en vigueur. «Sous la pression politique du Congrès aux États-Unis et du gouvernement américain, en 2006, l’Icann est revenue sur sa décision», ajoute un expert.
«Le conseil d’administration de l’Icann, pour de nombreuses raisons, a rejeté la demande en mars 2007», précise la société ICM Registry. Elle a obtenu, après l’arbitrage d’un panel d’experts, gain de cause en février 2010. La semaine dernière, après avoir longtemps hésité, l’instance américaine a donc dû autoriser les «.xxx ». Toutefois, la société ICM Registry, qui doit encaisser environ une cinquantaine d’euros -mais les prix ne sont pas encore communiqués- par site Internet et par an, a ouvert les réservations gratuites pour les sites pornographiques qui ne veulent pas laisser filer le marché du commerce du X sur Internet. ce mercredi, elle avait reçu des réservations pour 340.000 noms.
Source: le Figaro