Le terme cyberespace est né dans une nouvelle de William Gibson intitulée Gravé sur chrome (Burning Chrome – 1982).
Le terme est reprit dans le Neuromancien (Neuromancer – 1984) où il en explicite le concept.Il s’agit d’« une hallucination consensuelle vécue quotidiennement en toute légalité par des dizaines de millions d’opérateurs, dans tous les pays, par des enfants à qui des concepts mathématiques sont ainsi enseignés… Une représentation graphique de données extraites des mémoires de tous les ordinateurs du système humain ». Devenu un mot à la mode à la fin des années 1980, il a fini par désigné le réseau internet dans son ensemble.
Un espace virtuel …Internet est à l’origine le rassemblement de tous les réseaux informatiques mondiaux. Ces valeurs sont celles d’un libre échange des informations entre pairs et non structuré. Tous les contenues, tous les utilisateurs sont égaux quelque soit leur nationalité, pays de résidence, croyance politique etc. C’est ce qu’on appelle la neutralité du réseau.D’ailleurs la gouvernance mondiale de l’internet est confiée au Forum sur la gouvernance de l’internet qui est sous l’égide des Nations Unies.Le cyberespace est donc a priori un espace libre sans frontière et sans autre idéologie politique que l’accès égalitaire pour tous.
… contraint par la géographie …Mais la théorie qui fonctionnait tant que le réseau était limité, géographiquement aux USA et à l’Europe, sociologiquement, aux chercheurs et leur étudiants à été mise à mal lors de la démocratisation de l’internet. En effet, la première barrière à laquelle le réseau s’est heurté est la barrière de la langue.
Top 10 des langues sur Internet |
La montée du nombre d’ordinateurs à contraint à une organisation pyramidale des autorités de désignation des adresses IP (numéro unique pour chaque ordinateur) et des noms de domaines.Les noms de domaines sont tous gérés officiellement par l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers, en français : Société pour l’attribution des noms de domaine et des numéros sur Internet), société de droit californien et dépendante du département américain du Commerce mais celui-ci délègue à des instances nationales le rôle de gérer leur propre nom de domaine. En France, l’AFNIC (Association française pour le nommage Internet en coopération) est responsable du .fr est lié par une convention à Bercy.
Les adresses IP sont gérées selon une structure pyramidale classique.L’autorité suprême est l’IANA (Internet Assigned Numbers Authority qui est une composante de l’ICANN) mais celle-ci délègue son pouvoir décisionnaire à cinq registres régionaux (RIR)
- RIPE-NCC (Réseaux IP Européens) pour l’Europe et le Moyen-Orient ;
- ARIN (American Registry for Internet Numbers) pour l’Amérique du Nord ;
- APNIC (Asia Pacific Network Information Center) pour l’Asie et le Pacifique ;
- LACNIC (Latin American and Caribbean IP address Regional Registry) pour l’Amérique latine et les îles des Caraïbes ;
- AfriNIC (African Network Information Center) pour l’Afrique.
Aires des registres internet régionaux |
Dans le cas de LACNIC et de l’APNIC des registres subrégionaux existent et gère à leur tour une partie des adresses attribuée par les RIR.
Ainsi l’internationalisation du réseau l’a rendu dépendant de la géographie mais également des États.
… d’où des enjeux politiquesLa diffusion de l’information et son contrôle sont un enjeu politique pour tous les Etats comme on en a la démonstration avec l’affaire WikiLeaks. En effet, le principe d’internet d’échange d’information entre tous les internautes sans aucune contrainte n’est compatible avec toutes les valeurs nationales de tous les pays du monde. Internet et perçu comme l’instrument qui amène les valeurs occidentales dans tous les foyers équipés. Certains pays, au premier rang desquels la Chine, ont mis en place de censure de l’information.
Ennemis d’internet et pays sous surveillance selon RSF |
Le cinquième territoireLa nouvelle doctrine défense des Etats-Unis considère le cyberespace comme le cinquième territoire, après la terre, la mer, les airs et l’espace.En effet, on a vu depuis le début des années 2000 que l’internet peut être un territoire de guerre entre Etats ou entre groupes.La première preuve est venue le 11 septembre 2001, lorsque les services de renseignements se sont aperçus qu’Al Qaida avait utilisé les services proposé gratuitement sur internet pour organiser et planifié les attentats de New York et Washington.La deuxième preuve est double. Il s’agit des cyber-attaques contre l’Estonie en 2007 et lors du conflit entre la Russie et la Géorgie en 2008. Ces attaques attribuées à des hackers nationalistes russes ont mis les USA face à une nouvelle faiblesse celle de leur système informationnel.
De nouveaux enjeuxPour finir rappelons qu’en 2008, on estimait le nombre d’internautes à 1,4 milliard soit 22% de la population et que ce nombre double chaque année. La croissance devrait se poursuivre notamment grâce à la Russie, au Brésil, à la Chine et l’Inde pays dont la forte population est encore peu connectée.
Internautes par pays |
Nombres d’internautes pour 1000 habitants |
Il ne fait aucun doute que la modification de l’équilibre démographique des internautes va modifier l’équilibre politique dans la gouvernance de l’internet.
Enfin n’oublions pas le rôle des entreprises privées. Facebook avec plus de 500 millions d’adhérant (ce qui en ferait le troisième pays au monde en terme de population) n’est pas encore accessible en Chine.
Source: Global AnalysisFrance