Commission Bastarache: Marc Bellemare entretient le flou

QUÉBEC – L’avocat Marc Bellemare a entretenu un certain flou, vendredi, sur sa participation à la commission Bastarache, créée pourtant en réaction à ses allégations quant au processus de nomination des juges au Québec.«Ça aurait pris une commission d’enquête générale qui aurait pu m’entendre sur tous les aspects et qui me permettrait de parler sans égard au serment et aux politiques de confidentialité qui s’appliquent au ministre de la Justice (…). Tout se fait de façon morcelée. C’est une façon de me museler en partie, et moi, je n’ai pas l’intention de me priver de parler», a dit Me Bellemare lors d’un entretien avec l’animateur Claude Poirier, à LCN. Auparavant, l’avocat de Québec avait fortement insisté sur son refus absolu d’être muselé.

Au cours de l’interview de LCN, Me Bellemare a multiplié les griefs contre la commission qu’il qualifie carrément «d’inutile».

«On fait toute une commission, avec des recherchistes, des avocats… L’avocat en chef, Me (Pierre) Cimon, a déjà admis avoir contribué à la caisse électorale du Parti libéral. Tout ça me laisse très sceptique», a-t-il lancé.

Entre 2002 et 2007, Me Cimon, avocat bien connu dans la région de Québec, a contribué pour 1700 $ à la caisse du Parti libéral du Québec. Cette information a été en partie révélée sur les ondes de la station de radio CHOI, lundi, avant d’être confirmée dans Le Devoir deux jours plus tard.

Mercredi, la commission Bastarache a publié un communiqué de presse expliquant « qu’on ne saurait discriminer une personne relativement à l’obtention d’un poste ou d’une fonction uniquement parce que cette personne a fait des contributions légales et légitimes à un parti politique ».

Les critiques du PQ et de Québec solidaire entourant ces dons n’ont pas ébranlé la commission. « En tout respect pour les politiciens, la commission est autonome et indépendante », a assuré le directeur des communications, Guy Versailles.

Me Pierre Cimon, de son côté, n’a pas retourné l’appel logé pour obtenir ses commentaires.

Conflit d’intérêts?

De plus, Marc Bellemare a soulevé d’autres faits qui « (l)’agacent profondément ».

«Me Bastarache est au bureau (d’avocats) Heenan Blaikie, le même bureau que (l’ex-premier ministre) Pierre Marc Johnson, qui a pour conjointe Hélène De Kovachich, présidente du Tribunal administratif du Québec sur lequel Bastarache devra enquêter! Ça va bien, hein?» s’est-il interrogé.

Nom de domaine réservé

Par ailleurs, le nom de domaine www.commissionbastarache.com est déjà réservé et mène directement au www.bellemaregate.com, site regroupant les articles de presse consacrés à l’affaire Bellemare.

Les noms de domaine appartiennent à Pierre-Michel Morais-Godin, développeur Web de Trois-Rivières. «J’ai pris le nom de domaine pour augmenter la fréquentation de mon site, a dit le jeune homme. Si on me demande poliment de le rendre, je ne poserai pas de problème.»

Informé de la situation, M. Versailles a reconnu que personne n’a pensé réserver un nom de domaine. Le (vrai) site Web de la commission Bastarache doit être mis en ligne à la fin du mois. Il est probable qu’il s’agisse d’un site gouvernemental officiel doté de l’extension gouv.qc.ca.

Source: Canoe.ca