Lors d’un sommet à Nairobi, l’ICANN a révisé son approche pour préparer l’arrivée de nouvelles extensions. Entre avancée réelle et réticence à l’évolution, difficile d’y voir clair…
Lors de la 37ème réunion de l’ICANN à Nairobi (Kenya) qui s’est déroulée la semaine dernière, le GAC, Comité consultatif de l’organisation internationale de référence en charge du nommage sur Internet qui accueille les représentants des États et des organisations internationales, a annulé la procédure dite Expression Of Interest (EoI), destinée à connaître le nombre de projets de nouvelles extensions et d’en évaluer le coût.
Pour quels motifs ? Le process semblait trop confus avec des risques de dérives de faux projets présentés de nouvelle extension. Même avec une mise initiale de 55 000 dollars par nouvelle extension proposée, ce n’est pas totalement dissuasif pour des experts en domain testing (dépôt massif en noms de domaine) ayant de mauvaises intentions.
“Avec l’abandon de l’EoI, on va repartir sur le processus tel qu’il se présentait lors de la réunion ICANN à Séoul en octobre 2009 avec des avancées entre-temps”, explique Loïc Damilaville, en charge de la communication pour l’AFNIC (association en charge du nommage Internet en France, en particulier du .fr), qui avait envoyé une délégation pour participer aux débats à Nairobi.
L’ICANN a donc avancé sur le principe de la création de nouvelles extensions à quatre conditions :
– protection des marques (création d’une liste de référence pour les marques et leurs titulaires qui sera utilisée par les registres et la possibilité de bloquer en urgence des noms de domaine préjudiciables);
– étude de marchés (”existe-t-il une demande pour de nouvelles extensions”) : un rapport d’économiste sera remis en juin à l’ICANN avant la prochaine réunion à Bruxelles;
– Sécurité, stabilité, impact technique sur le système racine DNS. L’objectif est de déterminer dans quelle mesure l’introduction massive de nouveaux noms de domaine associés à de nouvelles extensions est supportable pour l’infrastructure. Des experts viennent de rendre un rapport sur le sujet : ce sera un rythme maximum de 200 nouvelles extensions par an.
Actuellement, on recense 270 extensions existantes (une quinzaine de génériques comme le .com ou le .net, tous les autres étant des extensions nationales comme le .fr, le .co.uk pour le Royaume-Uni, le .de pour l’Allemagne…).
Parallèlement, dans son discours de Nairobi, Rod Beckstrom, Président de l’ICANN depuis juin 2009, a préconisé la création d’un CERT-DNS (cellule de veille) supervisé par l’ICANN pour des questions de sécurité du World Wide Web…Ce système existe déjà de manière officieuse entre registres du monde. Mais la proposition de Rod Beckstrom va plus loin, ce qui susciterait quelques remous en interne…
– la séparation verticale : pour les extensions génériques, les fonctions de registre (registry) et de bureau d’enregistrement (registrar) sont étanches. Ce principe de séparation des deux activités ne sera pas remis en question avec l’arrivée de nouvelles extensions.
“Certaines des quatre questions de fonds avancent, il reste des divergences assez fortes et la règle des principes appliqués à tous n’est pas complètement défini”, commente Loïc Damilaville.
En l’état actuel, il n’y a pas d’échéance sur une ouverture opérationnelle des nouvelles extensions sous la supervision de l’ICANN. Alors que l’annonce de cette “révolution” est annoncée depuis 2008…
Lors du sommet de Nairobi, il n’y a pas eu d’avancées sur les projets d’extensions en caractères non latins.
16 projets ont été soumis devant l’ICANN. Quatre ont été validés. Ils seraient en phase d’implémentation technique : .rf pour la Fédératin de Russie en caractères cyrilliques, une extension égyptienne, une dédiée aux Emirats arabes unis et une pour l’Arabie Saoudite.
Source: iTexpresso.fr