Le président russe Dmitri Medvedev a milité mercredi pour l’attribution à la Russie d’un nom de domaine internet en alphabet cyrillique afin de promouvoir la langue russe dans le monde.
Le Kremlin s’inquiète que le russe, jadis langue principale de l’Union soviétique, perde pied face aux langues nationales et à l’influence grandissante de l’anglais. Défendre le russe devient une question de fierté nationale, estime Moscou.
Devant un congrès de la presse russophone, Dmitri Medvedev a accusé, sans les nommer, plusieurs gouvernements étrangers de bâillonner les médias en langue russe et a averti que la Russie riposterait.
Les médias russes touchent 300 millions de personnes dans le monde, a-t-il dit, et un nom de domaine en cyrillique serait une mesure phare pour rehausser l’importance de la langue russe. Il a dit faire de cette politique linguistique une priorité personnelle en tant que président.
« Nous devons faire tout notre possible pour obtenir à l’avenir un nom de domaine internet en cyrillique — et c’est une question très sérieuse », a-t-il déclaré à Moscou devant le Congrès international de la presse russe.
« C’est un symbole de l’importance de la langue russe et de l’alphabet cyrillique et ce n’est pas un mauvais secteur de coopération. Et je crois que nous avons de bonnes chances de l’obtenir de la part des autorités régulatrices d’internet. »
Medvedev aime se dépeindre comme un chef d’Etat très au fait de ce qui se passe sur le Web : il s’est déjà servi de son téléphone pour surfer sur internet en public et explique qu’il se connecte tous les matins pour s’informer.
Les sites russes utilisent des noms de domaines en alphabet latin, comme dans la plupart des pays. Les adresses comportent le suffixe .ru, ou dans certains cas .su, un héritage de l’Union soviétique.
Selon des experts du secteur, Moscou souhaiterait se voir attribuer le suffixe .rf — pour Fédération de Russie –, mais écrit en alphabet cyrillique.
Certains craignent néanmoins que l’Etat russe n’en profite pour reprendre en main les contenus diffusés sur la Toile, un espace qui était resté relativement libre et ouvert à la contestation à l’heure où les médias traditionnels font l’objet d’un contrôle étroit.
auteur : Guy Faulconbridge, version française Jean Décotte
source LePoint.fr