Avec son .bzh, la Bretagne milite pour les extensions internet régionales

.org, .com, .net, .fr, .eu et bientôt .bzh ! Le comité d’action pour l’obtention d’un nom de domaine .bzh a organisé une conférence, le 21 septembre dernier à Paris, à l’occasion de la Breizh Touch, sur les « enjeux des nouvelles extensions internet » avec le soutien du conseil régional de Bretagne et du club de réflexion Bretagne Prospective. L’objectif vise à monter un dossier de candidature pour présenter l’extension « .bzh » à l’Icann, accompagné des fonds nécessaires à la réussite de l’opération. L’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (Icann), organisation à but non-lucratif de droit américain gère le système de nom de domaine (de type .com, .org ou .net) et les codes nationaux (de type .fr pour la France, .uk pour le Royaume-Uni, etc). Elle a pour mission d’assurer une représentation globale des communautés internet au niveau mondial et d’agréer les demandes de création de nom de domaine.

Pourquoi les catalans et pas les bretons ?

« Oui, on peut le faire, c’est une question d’enthousiasme et de volonté », a témoigné Amadeu Abril i Abril, ancien directeur général de la Fondation PuntCat. La Catalogne est, en effet, la première région européenne à disposer de son extension (.cat) depuis près de deux ans. Une association a été créée pour transmettre la demande à l’Icann. « Le soutien des organisations publiques a été crucial », a reconnu le catalan.
En France, la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique et la Réunion disposent déjà de leurs propres extensions géographiques .gp, .gf, .mp et .re. « Internautes, collectivités, entreprises, associations sont nombreux à souhaiter une extension .bzh comme en témoignent les 15.000 signatures recueillies », a estimé Mikael Bodlore, créateur du site et de la pétition pour la demande de l’extension bretonne. Depuis mai 2007, un comité d’action regroupe l’association Point bzh, Bretagne Prospective, le conseil régional et diverses personnalités afin de faire entendre la voix de la Bretagne auprès de l’Icann. A la demande de ce comité, Bretagne Prospective va démarrer ce mois-ci une étude de faisabilité afin de « mieux cerner les critères d’attribution de l’Icann mais aussi de tester les motivations des acteurs de la société civile et du monde économique breton à soutenir l’initiative ». La région Bretagne a apporté son soutien de principe, dès juin 2006. L’initiative a déjà reçu l’assentiment des élus bretons, dans le sillage d’initiateurs tels que le député finistérien, Christian Ménard dès 2004, la conseillère régionale Françoise Louarn, le président du conseil régional Jean-Yves Le Drian et Patrick Mareschal, président du conseil général de Loire-Atlantique. Des collectivités ont ensuite voté des résolutions pour soutenir le projet : en avril 2006 pour le département d’Ille-et-Vilaine, en juin 2006 pour la région et le Finistère, puis le Morbihan.

La Bretagne se mobilise

Le .bzh sera réservé aux sites internet faisant référence à la Bretagne, sa culture et sa langue qu’ils soient situés en Bretagne ou non. Il pourra être réservé par les collectivités bretonnes, les entreprises et ayants droit et ensuite les particuliers (en appliquant le principe du premier arrivé, premier servi). Il devra impérativement faire référence à la Bretagne. « En ce sens, il ne s’agit pas d’une extension régionale pour la Bretagne mais bien d’une extension culturelle pour la langue et la culture bretonne, à l’exemple de la Catalogne », a expliqué Mikael Bodlore. « Il faut désormais réunir les moyens, animer un groupe de pression et réussir à passer les filtres des institutions publiques en France et surtout au sein de l’Icann », a expliqué Sébastien Bachollet, président de l’Internet Society France. « La région continuera à apporter son soutien à cette action d’un point de vue juridique et financier notamment, […] comme vecteur de développement économique », a confirmé un représentant régional. Car le succès du mouvement en Catalogne a fait apparaître de nouveaux services et de nouveaux usages. « Nous attendions 2.000 sites en .cat, nous en comptons aujourd’hui autour de 20.000 a précisé Amadeu Abril i Abril. Mais ce n’est pas gratuit. L’exemple catalan fait ressortir des coûts de mise en place importants : le seul dépôt du dossier auprès de l’Icann atteint environ 80.000 euros et la Fondation catalane reconnaît avoir dépensé au total près de 150.000 euros pour aboutir. A Berlin, une équipe de six personnes est mobilisée quasiment à temps plein depuis deux ans, ce qui fait dire à Sébastien Bachollet « qu’il faudra de 1,5 à 2 millions d’euros pour obtenir puis maintenir un nom de domaine, que ce soit en cash ou en apport en temps homme ». Pourtant, l’intérêt pour les extensions au nom d’une identité culturelle forte ne se dément pas. En Europe, l’Ecosse, la Galice, le Pays basque et le pays de Galles préparent leur dossier. Bientôt seront probablement délivrés des extensions pour les villes : .berlin, .tokyo, .nyc et. et peut-être même un .paris. L’Icann devrait se réunir pour la première fois à Paris, en juin prochain : l’occasion rêvée de faire aboutir le projet de .bzh ?

Auteur : Luc Derriano / EVS
Source Localtis

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