Plus de 200 millions de noms de domaine existent dans le monde. La France, elle, en compte 6 millions. Du choix judicieux de l’adresse «www.nomdedomaine» et de son extension « .fr », « .com », « .net », « .org »… dépendra en effet le classement du site dans les pages de résultat des moteurs de recherche, autrement dit sa visibilité et le trafic généré. Trouver un nom de domaine pertinent (soit en le déposant, soit en le rachetant sur le marché de l’occasion) et le payer à son juste prix constituent donc des enjeux de taille.
Pensez aux noms communs liés à votre activité
Les noms de domaine ne se limitent pas aux marques et aux noms propres. Rien ne vous empêche de déposer un nom commun (s’il n’est pas déjà pris). Choisir un terme lié à votre activité redirigera vers votre site les internautes qui taperont ce mot-clé. Cette stratégie permet d’augmenter son trafic et donc, a priori, ses ventes (lire l’encadré). Si un internaute tape, par exemple, l’adresse www.bijoux.fr, il arrive directement sur le site www.lemanegeabijoux.com des hypermarchés E. Leclerc. En saisissant www.assurances.fr, il est redirigé sur la page BNP Paribas Assurance… Même les slogans publicitaires peuvent être déposés : Nike a ainsi enregistré son célèbre Justdoit.com.
Déposez votre nom… ou rachetez-en un d’occasion
Pour savoir si le nom de domaine qui vous intéresse est disponible, allez sur le site de l’Association française pour le nommage Internet en coopération. Cet organisme gère les noms de domaine en « .fr » (France) et en « .re » (La Réunion). Tapez le nom souhaité dans la fenêtre qui s’affiche et le moteur de recherche vous indiquera s’il est libre ou pas. Dans le premier cas, il vous suffit de « déposer » votre nom en souscrivant un abonnement auprès d’un des prestataires agréés : appelés également « bureaux d’enregistrement », ils sont environ un millier en France (liste disponible sur le site de l’Afnic).
Les prix varient en fonction de l’éventail de services que vous fournit votre prestataire : enregistrement du nom, hébergement du site, référencement, espace de stockage, messagerie, etc. Le nom de domaine que vous convoitez est déjà déposé ? C’est courant… et cela ne signifie pas que vous deviez forcément faire une croix dessus. Environ 12% des noms de domaine en «.com» (organisations commerciales) et 9% de ceux en «.fr» ne sont pas utilisés : ils sont donc susceptibles d’être revendus par leur propriétaire. Pour trouver ce dernier, allez dans «Who is», la base de données de l’Afnic (rubrique «outils»). Une fiche complète vous donne les coordonnées du détenteur du nom que vous convoitez. Reste à le contacter pour le convaincre de vous céder l’appellation, ce qui sera plus facile si vous n’êtes pas un concurrent direct.
Il peut aussi arriver que le propriétaire ait gardé l’anonymat. Dans ce cas, deux options s’offrent à vous. La première consiste à effectuer une recherche sur les plates-formes spécialisées dans le marché de l’occasion (www.sedo.com, www.namedrive.com, www.capnom.com). Ces sites mettent en vente des milliers de noms de domaine sous différentes formes : aux enchères (sur sept jours), à prix fixe ou selon un tarif négocié (vous faites une offre, le propriétaire l’accepte ou pas).
Seconde option : vous mandatez l’une de ces plates-formes pour qu’elle joue le rôle de courtier. Moyennant une commission de 10 à 15%, elle trouve alors à qui appartient le nom et le négocie. L’avantage : elle vous conseille sur sa valeur et sécurise la transaction en réunissant les fonds et en s’assurant que les éléments de propriété ont bien été transmis avant que le vendeur soit réglé.
Sachez évaluer le prix et le potentiel du nom
Si vous décidez d’acheter un nom de domaine d’occasion, vous devez être capable d’en évaluer correctement le prix. Les tarifs dépendent de plusieurs critères. L’extension, tout d’abord : les suffixes internationaux comme « .com » ou « .net » valent plus cher (respectivement 2.387 euros et 1.214 euros) que les extensions locales (le « .es » de l’Espagne, par exemple, coûte 1.056 euros). Seule exception, le « .fr », qui reste onéreux (4.916 euros) car très demandé : ayant été ouvert plus tard à la vente, il bénéficie encore de l’engouement des acheteurs.
Le nom en tant que tel influe aussi sur le prix : un terme générique – comme vente ou conseil –vaudra plus cher qu’un nom propre ou qu’une marque car il créera plus de trafic. Même chose s’il est court, parce qu’il est plus facile à mémoriser : Synonymes.fr a été vendu 10.000 euros, contre 500 euros pour Dictionnairedessynonymes.fr. Autre critère important : un mot français avec une extension en « .fr » coûtera plus cher qu’un mot français avec une extension étrangère : grattage.fr, par exemple, a été cédé 20.000 euros alors que grattage.me (Monténégro) a été vendu 250 dollars (169 euros).
Si le nom choisi est le même dans plusieurs langues (comme vodka ou taxi), il sera aussi plus cher. Idem s’il est lié à un business grand public (comme les téléphones) et si l’ »affinité » avec Internet est importante. Parce qu’ils font l’objet de requêtes plus fréquentes, les termes liés au tourisme, aux jeux ou aux logiciels, par exemple, sont en général plus coûteux. La palme du nom de domaine le plus cher ? C’est Sex.com, vendu 13 millions de dollars l’an dernier (8,8 millions d’euros), qui l’a remportée. Mais Poker.org – cédé pour 1 million de dollars (674.000 euros) – s’est aussi bien défendu.
auteur : Sébastien Pierrot
source Capital.fr