Un appel d’offre pour prendre possession de l’internet

Rompant avec une décennie d’habitudes, les autorités américaines ont récemment décidé de lancer un appel d’offres sur la gestion des extensions de noms de domaine de premier niveau (.com, .org, .net).

L’IANA (Internet Assigned Numbers Authority) est intégrée à l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) depuis le début des années 2000. C’est donc elle qui gère les extensions les plus importantes de la planète.

Les instances internationales ont souvent reproché à l’ICANN sa proximité avec les autorités américaines. Il faut dire qu’en tant que tel, c’est un organisme américain. L’Union européenne a d’ailleurs, maintes et maintes fois critiqué sa fausse indépendance. Si l’ICANN le souhaitait (ou le gouvernement des États-Unis), l’extension d’un pays pourrait tout simplement être retirée. Imaginez tous les sites en .fr ou .ca qui ne fonctionneraient plus!

Comme pour faire taire ces voix, le gouvernement américain lance un appel d’offres sur la gestion de cette fonction. Valable pour une durée de trois ans, le contrat sera octroyé par le Département du commerce.

Sauf que cet appel d’offres ressemble à un attrape-nigaud. D’après les documents officiels, le vainqueur de l’appel d’offres gagnera le droit de dépenser 6,5 millions de dollars en 2012 pour les frais de gestion, et ne gagnera pas un seul cent. Cela réduit forcément le nombre de candidats, surtout quand on lit également que les candidats doivent être… américains!

De plus, si l’ICANN perd cette gestion, que va-t-elle devenir? Stéphane VanGelder, président du Generic Names Supporting Organization de l’Icann affirme que le grand patron de l’ICANN lui a déclaré que si l’ICANN perdait le contrat, il demanderait «trois mois [de délai] pour fermer l’ICANN».

Neelie Kroes, vice-présidente du Parlement européen s’est insurgée de la restriction des candidats «Le contrat n’est cependant toujours pas parfait. Par exemple, il est réservé aux entreprises américaines, ce qui est une honte étant donné qu’Internet est une ressource pour le monde entier».

Les États-Unis, gendarmes du monde réel et du cyber-monde…

auteur : Nicolas Laffont
source Branchez-vous.com