Le gouvernement américain planifie un putsch sur internet

Le ministère américain du commerce entend exercer un contrôle plus strict sur le système des noms de domaine (DNS) sur internet. S’il arrive à ses fins, les gouvernements pourront bloquer les nouveaux domaines, ce qui entraînera à son tour une menace de censure.

L’Icann, l’organisation qui gère le système mondial des noms de domaine, va se réunir les lundi 28 février et mardi 1er mars à Bruxelles pour ce qui pourrait être une rencontre ultra-importante.

Le GAC (l’organe-conseil au sein de l’Icann, où siègent les différentes autorités) va formuler toute une série de réflexions quant au projet d’introduire de nouvelles extensions internet (‘top level domains’). C’est surtout le ministère américain du commerce qui est demandeur de cette confrontation, puisque cette instance exige en effet un ‘veto’ vis-à-vis des nouveaux suffixes.

Si les Américains obtiennent gain de cause, ce seront les autorités nationales qui décideront bientôt quels domaines peuvent être encore ajoutés sur internet, nonobstant tous les accords conclus précédemment. Les autorités demanderaient de pouvoir enrayer à leur guise les extensions internet, par exemple si elles jugent une idée ou une personne inopportune.

Aujourd’hui, l’introduction de ce genre de veto est en totale contradiction avec l’approche ascendante (‘bottom-up’) préconisée par l’Icann dans la gestion du DNS. Si le projet devient réalité, l’on risque en d’autres mots d’évoluer d’un modèle ascendant dirigé par plusieurs parties prenantes vers un modèle descendant (‘top-down’) dominé par les autorités nationales.

“Heureusement, plusieurs voix se font entendre au sein du GAC”, déclare Hans Seeuws, un spécialiste de l’entreprise de services Sensirius, “et ce n’est pas parce que l’organe-conseil entend redéfinir les règles que l’Icann y adhérera automatiquement. L’influence des autorités américaines au sein de l’Icann a nettement diminué ces dernières années. Et c’est assurément là l’un des derniers soubresauts. La véritable question est donc de connaître le poids que représente encore le ministère américain du commerce dans l’Icann. Et si celle-ci a les reins assez solides pour s’y opposer.”

Source: DataNews