Quand Internet parlera chinois…

Les noms de domaine et adresses URL pourront utiliser des caractères non latins d’ici mi-2010, ce qui aura des implications importantes pour le marketing, le référencement, voire la manière dont les Chinois abordent le Web.

L’annonce, début novembre, de l’Icann (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), organisme américain privé, ouvrant la possibilité de déposer des noms de domaine incluant des caractères non latins aura peu de répercussions en France.

Vu de Pékin, il s’agit au contraire d’une véritable petite révolution après quarante ans de suprématie anglo-saxonne. Que ce soit sur les panneaux publicitaires ou les emballages des produits, les yeux des Chinois finissent toujours par tomber sur des caractères étrangers, perdus au milieu d’idéogrammes locaux : il s’agit de l’adresse Web du fabricant ou de l’annonceur.

Pour le grand public, il n’est pas toujours évident de mémoriser ces sites, ce qui limite les possibilités pour le marketing. Cela est par exemple vrai pour Carrefour, qui cible la classe moyenne chinoise. Ma voisine, femme au foyer disposant de l’ADSL, n’est absolument pas familière de l’adresse www.carrefour.com.cn. En revanche, elle connaît parfaitement le nom chinois de l’enseigne, dont la transcription phonétique est « jia le fu ». « Comment voulez-vous que je retienne une adresse pareille, ça n’a rien à voir ! Pour retrouver ce site, il faut que je passe par un moteur de recherche, alors qu’avec une adresse en mandarin, tout serait plus simple », explique-t-elle.

Pour les agences de marketing chinoises, l’arrivée des idéogrammes sur Internet représente donc une opportunité pour améliorer la visibilité de leurs clients locaux.

Guerre des noms de domaine et pagaille en vue ?

Comme aux débuts d’Internet en Occident, la réservation des noms de domaine en mandarin risque d’être accompagnée de turbulences. A l’époque, chez nous, des petits malins avaient acheté très tôt des noms tels que www.edf.fr, avec l’idée de les revendre à prix d’or plus tard. Le même genre d’opération risque d’avoir lieu aujourd’hui en Chine.

Les entreprises étrangères implantées en Chine devront donc réagir à temps pour protéger leur marque en mandarin et éviter qu’une partie du trafic généré par leur nom ne puisse être détournée. Elles devront également rentrer des mots-clés en mandarin dans leurs URL afin d’être certaines d’être visibles sur le Web chinois.

Des problèmes de sécurité risquent également de surgir, avec la mise en place de sites « pirates » copiant des pages sécurisées. Objectif : récupérer des données sensibles comme des numéros de comptes bancaires et des mots de passe.

Enfin, le passage en 100 % chinois pourrait booster l’utilisation de palettes graphiques. Les seniors chinois, un marché en pleine croissance avec le vieillissement démographique, seront plus à l’aise sur la Toile s’ils peuvent tracer directement des idéogrammes, sans passer par un alphabet étranger et des équivalences phonétiques comme ils le font actuellement.

auteur : Nicolas Sridi
Source 01Net.com

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