Les deux fondateurs ont baptisé leur moteur de recherche avec un nom emprunté à l’univers mathématique.
Google a réussi un exploit en 2006. Le célèbre moteur de recherche est entré dans le dictionnaire Merriam-Webster, l’équivalent américain de notre Robert. Il est devenu un verbe à part entière. C’est la seule marque de l’univers Internet à avoir droit à un tel honneur. Ni Yahoo! ni MSN, par exemple, n’ont donné naissance à un mot de la vie quotidienne.
Concrètement, «to google» signifie rechercher des informations sur quelqu’un ou quelque chose sur le Web grâce au moteur de recherche du même nom. En français, le verbe «googler» est également utilisé par les accros du Web, mais son entrée dans le dictionnaire n’est pas à l’ordre du jour.
L’adoption de ce nom d’entreprise dans le vocabulaire courant aura été fulgurante. Huit ans seulement après la création de la société. Une reconnaissance beaucoup plus rapide que pour le Kleenex, le Sopalin ou le Frigidaire, des marques devenues aussi des noms communs.
À chaque fois, cela illustre un énorme succès. Pour tous les utilisateurs d’Internet, Google est devenu un outil indispensable. Une hésitation sur une adresse ? Un nom célèbre sur le bout de la langue ? Une date clé oubliée ? Ce moteur de recherche, le plus basique et le plus dépouillé des traqueurs d’informations, rythme la vie quotidienne de millions d’internautes (813 millions de visiteurs uniques en mai). Son succès pourrait-il être lié à son drôle de nom ? Impossible à assurer.
«Googol» estropié
En tout cas, les deux syllabes qui ont donné «Google» n’ont pas été choisies au hasard et sont un clin d’œil à une autre histoire. Nous sommes en 1938. Edward Kasner, un mathématicien américain, cherche un nom pour désigner le chiffre 1 suivi par 100 zéros – supérieur au nombre de particules élémentaires de l’univers. Il demande à son neveu de 8 ans une idée. Ce dernier lui répond au hasard «googol»… Kasner le consigne dans son traité Mathematics and the Imagination. Presque soixante ans plus tard, dans un bureau du campus de Stanford University, l’une des plus prestigieuses facultés américaines, Larry Page et Sergey Brin – les deux fondateurs de Google – ont demandé à une poignée d’étudiants en informatique de les aider à trouver un nom de baptême à leur invention, un moteur de recherche qu’ils avaient dans un premier temps appelé « BackRub » (massage de dos). David Koller, l’une de ces têtes chercheuses, agacé par les fables qu’il lisait sur l’origine de Google, a raconté l’anecdote en janvier 2004.
L’idée était de trouver un terme qui corresponde à l’indexation d’un gigantesque nombre de données. L’un des étudiants, Sean Anderson, évoque alors « googolplex » – nom qui sera donné par la suite au siège de la société à Mountain View en Californie. Larry Page aime bien «googol». Il demande que l’on cherche si le nom de domaine est disponible et qu’on l’enregistre immédiatement pour en devenir propriétaire. Sean ne perd pas une minute. Mais au lieu de l’orthographier dans sa version originale, il écrit «google.com».
C’est ce «googol» estropié qui entre ainsi dans l’histoire en septembre 1998. Et la terre entière l’a adopté depuis.
auteur : Valérie Collet
source LeFigaro.fr