Avec un contenu Internet africain qui peine à dépasser les 3 %, le continent noir est encore à la traîne dans le concert de l’Internet mondial. Plusieurs experts venus de différents horizons sont réunis dans la capitale sénégalaise pour 4 jours pour un séminaire organisé par l’ARTP sur le thème : « Gouvernance et Développement des technologies de l’Internet » ; ceci pour apporter les voies et moyens au continent pour refaire son retard.
Un séminaire sur le thème ’’Gouvernance et Développement des technologies de l’Internet’’ s’est ouvert ce lundi au Méridien sous l’égide de l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (ARTP).Prévue jusqu’à jeudi, la rencontre est organisée en collaboration avec le Registre de l’Internet pour l’Afrique (AfriNIC), Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (ICANN) et Internet Society (ISOC). L’objectif principal de cette rencontre est la sensibilisation sur les problèmes liés au futur d’Internet sur le Continent, en particulier dans les pays d’Afrique de l’Ouest. Dans son adresse de bienvenue, le Directeur Général de l’Artp a insisté sur le rôle important de l’Internet dans le monde, en particulier l’Afrique : « la Société de l’Information telle que nous l’envisageons sera celle qui verra au Sénégal et en Afrique, la réduction de la pauvreté, la satisfaction des besoins fondamentaux, le renforcement de la démocratie et de la bonne gouvernance, grâce à l’utilisation des TIC dans tous les segments de la société ». Le séminaire abordera les sous thèmes suivants : gouvernance de l’Internet, Rôle d’AfriNIC et Défis liés à IPv4/IPv6 ; gestion des noms de domaine – principes et politiques. Les points d’échange Internet : importance en Afrique, ainsi que l’accès large et équitable à l’Internet sont aussi des sous thèmes qui seront abordées au cours de cette rencontre. Ce mardi 14 octobre, les experts de plusieurs pays se sont penchés autour d’un panel portant sur le thème : « Gestion des noms de domaine – principes et politiques ». Au niveau mondial, la gouvernance d’Internet est assurée par l’ICANN, qui est une organisation à but non lucratif. Ayant parmi ses attributions la gestion des codes nationaux (ccTLD), l’ICANN délègue le plus souvent l’attribution des noms de domaines à extensions nationales de type ccTLD à une entité nationale appelée registre, qui joue le rôle d’intermédiaire.
Un plaidoyer pour un essor des noms de domaines en Afrique
La responsable de l’ICANN pour la région Afrique, Anne Rachel Inne, est revenue sur les modalités d’accréditation et de délégation pour la gestion des noms de domaines. Elle a regretté le fait que certains pays continuent de gérer leurs noms de domaines à partir d’autres pays outre que le leur, ce qui constitue selon elle un manque à gagner. En outre s’y ajoute la complexité au niveau de la gestion de ces noms de domaines puisqu’en cas de litige, ces derniers ne disposent pas de recours probants. Au Sénégal, cette tâche est dévolue à la NIC Sénégal, logée à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) et dirigée par un enseignement du Département de génie informatique de l’Ecole supérieure polytechnique (ESP), qui se trouve être également à la tête du chapitre sénégalais d’Internet Society (ISOC-Sénégal). Il a été institué depuis le 2 juin 2008, une commission d’orientation du NIC Sénégal, devant assister l’UCAD dans la gestion des noms de domaine « .sn », en attendant que l’ARTP prenne en charge cette gestion conformément aux actes additionnels de la CEDEAO. Un atout de plus pour le Sénégal qui se positionne comme un exemple à l’échelle africain avec à son actif un paquet de lois tendant à encadrer le développement d’une société sénégalaise de l’information inclusive et sécurisée. De manière pratique, pour obtenir un nom de domaine en « .sn », il faut s’adresser au NIC Sénégal ou à un des intermédiaires qui jouent le rôle de « registrar » en revendant les noms de domaines qu’ils ont réservés auprès de NIC Sénégal. Parmi ces revendeurs, nous pouvons citer Kheweul.com et Sonatel Multimédia. En effet Kheweul.com est un des 3 registrers que compte le continent africain et parmi 942 registrers établis à travers le globe. Avec 180 millions de noms de domaines recensés dans le monde, le continent se classe loin derrière des autres régions du globe, en effet en Afrique de l’Ouest on compte que 10000 noms de domaine et pour le Sénégal 2000 noms de domaines dont 1000 payants. Avec 3,5 % d’internautes africains soit 51 millions en tout, le contenu africain sur Internet est de loin l’une des plus faibles. Ce constat, résultat du peu de moyens dont dispose les pays africains a poussé les acteurs de la gouvernance de l’Internet, en particulier par l’ICANN pour mieux les outiller afin que ces derniers accèdent de plus en plus au marché noms de domaines qui représente un énorme potentiel pour l’Afrique. Ce qui poussera le gérant de Kheweul.com, Mouhamet Diop a parler ‘’d’un retard à rattraper’’ vu que de nombreuses entreprises sénégalaises comme africaines ne disposent pas le plus souvent de sites internet. Dans la sous région, Kheweul.com compte pour le moment à son actif 10 contrats avec ces derniers. Le développement des noms de domaines en Afrique pourrait à long terme booster le contenu africain d’Internet mais aussi valoriser une économie de ce secteur de services. Et à ce titre toutes les sensibilités sont interpellées pour rendre effectif ce défi économique. L’internationalisation des noms de domaines est l’un des autres aspects sur lequel la responsable de l’Afrique de l’ICANN a fait un plaidoyer pour permettre l’implication dans le processus d’Internet des différentes communautés linguistiques présents dans le monde. Ce qui constitue une aubaine pour les populations africaines qui recensent plus de 30,3 % des langues vivantes parlées dans le monde. Une occasion est ainsi offerte à l’Afrique de produire, de participer à la progression du contenu africain de l’Internet. A ce propos des programmes de contenus Internet dans les langues locales ont été amorcées par l’ICANN dans une durée comprise entre 2 et 7 ans. Mais à ce jour seul l’amharique fait l’objet d’un test au niveau du continent noir malgré l’appel à la participation lancé aux gouvernements africains. Le séminaire se penchera également sur la participation africaine au prochain forum sur la gouvernance de l’Internet prévu en 2009 en Egypte. Le Forum sur la gouvernance de l’Internet a été créé suite au second Sommet mondial sur la société de l’information de Tunis en 2005. Il vise à engager toutes les parties prenantes dans un dialogue sur la gouvernance de l’Internet. Le premier Forum sur la gouvernance de l’Internet s’était tenu du 30 octobre au 2 novembre 2006 à Athènes.
auteur : Marie Lucie BOMBOLONG
source AfricanGlobalNews