Ceux qui ont déjà cherché à acheter un nom de domaine pour leur site le savent bien : dur-dur de trouver le nom de son choix pour son site, tant tous les noms semblent avoir déjà été pris. Même si, sur certains, on ne trouve souvent qu’une page pleine de publicités et vide de contenu. Certaines entreprises, que l’on pourrait assimiler à des spammeurs, font ainsi commerce des noms de domaines non utilisés. Et pour en tirer le maximum de profits, ils utilisent même une faille du système actuel leur permettant d’utiliser les noms de domaine… gratuitement. En effet, l’acheteur d’un nom de domaine dispose d’une période de rétractation de cinq jours, au terme de laquelle il sera intégralement remboursé s’il renonce à son domaine. On appelle cela le ‘ domain tasting ‘, l’essai de nom de domaine. Rien n’empêche l’acheteur de mettre de la publicité sur son domaine durant les cinq jours (ce qui permettra de savoir si, d’un point de vue purement financier, le domaine vaut la peine d’être conservé), ni de le ‘ racheter ‘ pour cinq jours après l’avoir rendu (c’est le ‘ domain kiting ‘).
Le domain tasting atteint aujourd’hui des proportions considérables. Selon les statistiques de l’ICANN, l’organisation qui contrôle la gestion des noms de domaine sur Internet, il y aurait des demandes de remboursement pour environ 95,5% des noms de domaine enregistrés. Une proportion qui monterait jusqu’à 99,5% chez certains ‘ registrars ‘, les entreprises qui permettent d’enregistrer un nom de domaine. Concrètement, en février 2007, Bob Parsons, le PDG du registrar GoDaddy.com, indiquait que sur 55,1 millions de noms enregistrés, 51,5 millions n’étaient pas conservés.
La pratique pourrait toutefois cesser, ou du moins être fortement ralentie, dans les mois à venir. L’ICANN a décidé la semaine dernière de compliquer un peu la vie des domain tasters. La proposition de l’ICANN, qui doit encore être adoptée lors du prochain vote du budget annuel de l’organisation, est simple : la période d’essai de cinq jours est conservée, mais des frais d’enregistrement incompressibles, quoique très faibles (0,25 dollars par domaine) sont ajoutés. Pour les entreprises qui achètent les domaines par millions, la pratique risque de devenir d’un coup beaucoup plus coûteuse. Et donc nettement moins intéressante.
Mais c’est surtout Google qui pourrait achever le domain tasting. Le géant américain a décidé il y a quelques jours d’interdire l’ajout de publicités via sa régie sur les domaines ayant moins de cinq jours d’existence. La mesure devrait être mise en place courant février, et diminuer énormément l’intérêt économique du domain tasting : il sera toujours possible de voir si un domaine peut potentiellement avoir du succès, mais il deviendra impossible de le rentabiliser directement. Du moins en passant par la régie publicitaire de Google, la plus importante sur le net. La décision de Google pourrait d’ailleurs toucher sérieusement le chiffre d’affaires de sa régie. Et les domain tasters tentés par d’autres régies publicitaires risquent d’avoir du mal à trouver : la régie de Yahoo, également l’une des plus importantes, a également fait savoir que les adeptes du domain tasting n’étaient pas les bienvenus.
Auteur : Sébastien Delahaye
Source Ecrans.fr