Monétisation de l’immatériel : les noms de domaines (2/9)

Conférence à l’Atelier Internet de l’ENS,
Paris, lundi 12 novembre 2007
par Charles Simon

Le corps du délit ou Qu’est-ce qu’un nom de domaine ?

Les noms de domaine ont été pensés à l’origine comme de simples ‘ pointeurs techniques ‘ . Une fois que l’usage de l’internet s’est répandu dans le grand public, leur pouvoir ‘ signifiant ‘ a cependant pris le pas sur toute autre fonction et permis l’émergence d’un marché des noms de domaine.

Qu’est-ce qu’un nom de domaine ?

Pour s’orienter dans un espace, il faut un jeu d’identifiants : coordonnées longitudinales et latitudinales ; adresse postale ; numéro de téléphone. Pour identifier un terminal informatique connecté à l’internet, c’est une adresse dite IP (internet protocol) qui est utilisée. Cette adresse se présente le plus souvent sous la forme d’une suite de 4 chiffres compris entre 1 et 255, séparées par des points (1). C’est par exemple l’adresse 128.54.206.9.
L’adresse IP est tout à fait adaptée pour une identification mécanique des ressources, exécutée par des machines. Elle est cependant d’une utilité limitée pour l’utilisateur humain :
– d’abord une adresse IP est difficilement mémorisable ;
– ensuite elle n’est pas fixe dans le temps. Si, à un instant t, un seul terminal connecté à l’internet public peut se voir attribuer une certaine adresse IP, l’adresse IP d’un même terminal peut varier au cours du temps, même sans changement du point à partir duquel le terminal se connecte physiquement au réseau. Le terminal peut aussi être déplacé physiquement et connecté au réseau depuis un autre point. Dans tous les cas, quand l’adresse IP attribuée au terminal change il faut répercuter l’information à l’ensemble des personnes souhaitant s’y connecter à distance. Passé un certain seuil, l’information de chaque utilisateur individuel devient cependant radicalement impossible.
Pour permettre le développement du réseau, un nouveau référentiel est donc nécessaire, mieux adapté à l’utilisateur humain. Il s’agit de fournir un mécanisme d’identification des ressources utilisables quelque soit le terminal, le réseau, le protocole (2). C’est la mission dévolue au système des noms de domaine (DNS pour Domain Name System en anglais).

Les premiers noms de domaine de premier niveau (TLDs pour Top Level Domains) ont été créés en 1984 (3). Au lieu d’identifier un terminal par son adresse IP, l’utilisateur l’identifie désormais par son nom de domaine, exemple.com par exemple. En parallèle, les adresses IP continuent à être utilisées pour des fonctions techniques mais ce sont des machines qui assurent, de façon transparente pour l’utilisateur humain, la correspondance entre noms de domaine et adresses IP.

Les noms de domaine ne sont cependant pas qu’un simple substitut aux adresses IP. Le DNS a aussi l’avantage de permettre la séparation des fonctions d’identification des terminaux et des services. De nombreux services peuvent en effet être proposés via l’internet : serveurs de fichiers, sites web, messagerie.
Une personne qui propose différents types de services mais les héberge sur des terminaux différents peut vouloir les fédérer sous une même bannière. C’est ce que les noms de domaine permettent de faire. Un serveur de fichiers (ftp.exemple.com), un site web (www.exemple.com), un système de messagerie (exemple@exemple.com) peuvent partager un même nom de domaine (exemple.com) sans nécessairement être hébergé sur un même terminal. D’identifiant d’un terminal, le nom de domaine devient alors l’identifiant d’un service, voire de plusieurs services.
Du point de vue de l’utilisateur, le nom de domaine remplace donc avantageusement les adresses IP. Il n’en reste pas moins un simple ‘ pointeur technique ‘, assurant le lien entre un service et un terminal, donc une adresse IP.

(1) Adresses dites IPv4 pour Internet Protocol version 4. La numérotation ‘ 4 ‘ est arbitraire puisqu’il n’existe pas de version 1, 2 ou 3 du protocole IP. De même la version 6 du protocole, actuellement en cours de déploiement, ne fait pas suite à une version 5. Les adresses IPv4 sont longues de 32 bits, c’est-à-dire qu’elles consistent en une suite de 32 <0> et <1>. Les adresses IPv6 sont longues de 128 bits.
(2) Mockapetris (P.), Domain names – Implementation and specification, RFC 1035, novembre 1987, ftp://ftp.rfc-editor.org/in-notes/rfc1035.txt.
(3) Postel (J.), Reynolds (J.K.), Domain requirements, RFC 920, octobre 1984 ftp://ftp.rfc-editor.org/in-notes/rfc920.txt.
Il s’agit des .arpa, .gov, .edu, .com, .mil, .org qui sont des noms de domaine dits ‘ génériques ‘ (gTLDs pour generic Top Level Domains) et des noms de domaine dits ‘ géographiques ‘ (ccTLDs pour country code Top Level Domains), représentant des pays, dont la liste n’est pas fixée.

(à suivre)

Source CawAilleurs, le Cawa d’AdmiNet City

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