Un nouveau suffixe Internet transnational, .asia, vient d’être attribué par l’ICANN. Mais l’autorité de gestion des noms de domaines sur le web expérimente par ailleurs l’usage d’adresses Internet en caractères non latins.
« Désormais, l’Asie a son propre nom sur Internet », titre fièrement l’Hindustan Times. Le quotidien de New Delhi annonce la commercialisation depuis le 9 octobre d’un nouveau suffixe Internet, .asia, en accord avec l’ICANN, l’organisation internationale indépendante de gestion des noms de domaines. C’est la société à but non lucratif installée à Hongkong DotAsia qui a obtenu le droit de l’administrer. Seules les organisations gouvernementales peuvent en fait dès à présent acheter des noms de domaines à suffixe .asia. Les grandes entreprises ne le pourront qu’à partir de novembre 2007. Et ce n’est qu’en mars 2008 qu’ils seront totalement accessibles à tous les résidents de la région. Il s’agit du deuxième nom de domaine régional après le .eu, lancé en avril 2007.
L’Hindustan Times se montre enthousiaste : « Les particuliers et les sociétés seront maintenant en mesure de cibler la plus grosse communauté Internet et les économies les plus dynamiques du monde, ainsi que les gens qui recherchent des informations pertinentes sur l’Asie, venant d’Asie ou pour l’Asie. Pour les entreprises, les marques et les acteurs du marché, le nouveau domaine de premier niveau [TLD – top level domain, la partie qui suit le point dans le nom de domaine] renforcera le sentiment d’identification à une région dynamique et à développement rapide. »
Mais « la Russie n’est pas l’.asia », titre pour sa part Gazeta.ru. Pour le quotidien en ligne russe, « bien que la plus grande partie du pays se trouve en Asie, la Russie n’entrera probablement pas dans la nouvelle zone ». D’après un expert russe interrogé par le journal, le .asia intéressera surtout la Sibérie ou l’Extrême-Orient russe. Pour un autre, « les Russes ont encore suffisamment de place dans les zones .ru et .com ».
Reste que l’ICANN vient de lancer une initiative bien plus audacieuse en matière de noms de domaines, rapporte l’analyste Kevin Murphy sur le site d’information spécialisé Computer Business Review. « Vous n’avez rien remarqué, mais, le 9 octobre, la tuyauterie de l’Internet a opéré l’un des changements les plus fondamentaux de ces vingt dernières années. Pour la première fois, le système de noms de domaines accepte onze langues en caractères non latins. » Les langues concernées sont l’arabe, le persan, le russe, l’hindi, le grec, le coréen, le yiddish, le japonais, le tamoul et deux types de chinois, le simplifié et le traditionnel.
Le quotidien financier moscovite Vedomosti souligne l’intégration du russe. Selon un expert russe de la Toile, plusieurs milliers d’adresses en caractères cyrilliques existent déjà dans les zones .net ou .com. « Ainsi, les adresses ne sont écrites en russe ‘qu’à moitié’. L’initiative de l’ICANN aboutira à l’apparition de noms de domaines de premier niveau, entièrement en cyrillique, qui seront beaucoup plus demandés. » A partir du 15 octobre, l’ICANN invite les internautes à tester l’adresse « example.test » écrite dans l’une des onze langues citées et menant vers une page wiki.
Auteur : Philippe Randrianarimanana
Source CourrierInternational