Le gouvernement, qui avait annoncé un nouveau projet pour remplacer la télé publique qu’il a brutalement fermée, a oublié d’en acheter le nom de domaine. Il aurait dû.
Pris à son propre piège : le gouvernement grec, qui a brutalement fermé la télévision publique mardi soir, se targuait d’avoir un nouveau projet pour la remplacer ? Et d’avoir depuis longtemps réflechi à cette entité, baptisée «nerit» (pour nouvelle radio-télévision-internet grec) ? Des petits malins sont allés regarder si les fins stratèges au sommet de l’Etat avaient aussi pensé à réserver le nom de domaine de la future télé grecque. Eh bien non. Du coup, ils se sont empressés de l’acheter pour quelques euros. Résultat, lorsqu’on tape «nerit.gr» désormais, on tombe… sur les programmes de la défunte télévision publique ERT qui continue malgré tout à diffuser sur Internet. Avec cette annonce bien sentie : «nerit.gr n’est pas disponible, svp essayer la-pizzeria-qui-a-fermé.gr».
(Capture d’écran de nerit.gr)
Et en bas de l’écran, un rappel : «il ne s’agit pas seulement de ERT, mais de la démocratie». Dans la nouvelle guerre médiatique qui oppose le gouvernement d’Antonis Samaras et les défenseurs du service public audiovisuel, ces derniers font ainsi preuve d’une ironie imaginative qui leur permet de gagner des points ! Quand aux journalistes de l’ex ERT, maintenant qu’ils sont sur Internet (et au chômage), ils manifestent une audace qu’on ne leur avait guère connue du temps de la télé d’Etat. Multipliant les spots pour maintenir la mobilisation, et de «vraies» infos sur la situation des media grecs. Si la télé publique est morte, une télé libre vient peut-être de naître.
Auteur : MARIA MALAGARDIS
Source Liberation.fr