La National Télécommunications and Information Administration (NTIA) dépendant du département du commerce américain a annulé, samedi 10 mars, un appel d’offres concernant l’une des fonctions cruciales de la gouvernance du Net, la « fonction IANA« . Comme l’indiquent les documents officiels, l’appel d’offres est repoussé à une « date ultérieure, qui reste à déterminer ».
Depuis l’an 2000, l’IANA (Internet Assigned Numbers Authority), qui recense l’ensemble des GTLDs, comme le « .com », ou les CCTLDs, tel le « .fr », dans les adresses Web, est intégrée à l’Icann, organisme américain. Les autorités américaines ont décidé, fin novembre, de lancer un appel d’offres sur la gestion de cette fonction, cruciale dans la gouvernance d’Internet. Le contrat IANA permet en outre d’ajouter – ou de retrancher – de nouvelles extensions génériques. Ce nouveau contrat, octroyé par le département du commerce, devait être valable pour une période de trois ans, renouvelable.
Selon les premiers termes du contrat, le vainqueur de l’appel d’offres ne devait toucher aucun dollar pour la gestion de la racine. De quoi dissuader les concurrents de l’Icann, qui ont eu jusqu’au 12 décembre pour postuler. L’organisme chargé des noms de domaines a indiqué avoir dépensé 5,6 millions de dollars (4,1 millions d’euros) pour administrer la fonction IANA l’an passé. Les frais de gestion devraient s’élever à 6,5 millions de dollars (4,8 millions d’euros) cette année. Les clauses de l’appel d’offres restreignent encore plus le champ des possibles, en stipulant également que le candidat doit être américain.
DÉSAVŒU POUR L’ICANN
Les autorités américaines n’ont pas indiqué les raisons du report de l’appel d’offres, mais de nombreux experts s’accordent à penser qu’il s’agit d’un désaveu pour l’Icann, l’organe chargé de la gestion des noms de domaine, et jusqu’à présent gestionnaire de la fonction IANA. « Ironiquement, cette annonce de la disqualification de l’Icann contient aussi une notice, qui étend son contrat sur la fonction IANA de six mois supplémentaires », souligne le chercheur Milton Mueller, sur le site Internet Governance Project.
Pour le site Domaine Incite, l’origine de cette décision tiendrait à un désaccord entre le gouvernement américain et l’Icann sur le processus de détermination des nouvelles extensions. Les autorités américaines, comme d’autres gouvernements, souhaitent que les nouvelles extensions fassent l’objet d’une approbation pour « intérêt public ». Une manière, selon ces Etats, d’éviter de nouveaux noms de domaines qui suscitent la polémique, comme le « .xxx ».
Ces annonces interviennent alors que l’Icann joue gros avec son programme de nouvelles extensions, qui s’achève mi-avril. L’organisme a lancé début janvier son programme permettant aux entreprises et aux institutions de déposer leur propre extension dans les adresses Web, comme par exemple « .toyota » ou « .paris ».
Source : lemonde.fr