Pas de rupture notable lors de la 34e réunion publique que l’Icann, le régulateur d’Internet, a tenu à Mexico la semaine dernière (du 1er au 6 mars). Si ce n’est, tout de même, le fait que Paul Twomey, le PDG de l’organisation, ne briguera pas de nouveau mandat. Il quittera ses fonctions à la fin de l’année. Cette annonce intervient à un moment où l’Icann essaie de prendre ses distances avec l’administration américaine, une proximité qui a toujours été critiquée par les autres pays. L’accord signé avec le département du commerce américain, qui octroyait à ce dernier un droit de veto sur les décisions de l’Icann, expire en septembre prochain. Mais cet accord pourra aussi être renouvelé pour quatre ans.
Cette 34e réunion publique était par ailleurs la première que conduisait le régulateur d’Internet depuis l’élection de Barak Obama. Néanmoins, constate l’Afnic (autorité de nommage pour les domaines de la zone .fr), à ce stade, aucun signal sur une modification du ton des relations entre l’Icann et le gouvernement américain n’est encore apparu. Il faudra sans doute attendre quelques mois les prises de position stratégiques.
Seoul et Tokyo veulent leur nom de domaine
L’annonce du futur départ de Paul Twomey surprend néanmoins un peu, estime Loïc Damilaville, adjoint au directeur général de l’Afnic : « C’est lui qui portait le projet d’extension des noms de domaine génériques et il va partir au moment où le mécanisme se déclenchera. ».
Le calendrier de mise en oeuvre de ce chantier a été décalé à la suite des inquiétudes formulées dans les commentaires reçus par l’Icann. La date de dépôt formel des candidatures ayant été repoussée du quatrième trimestre 2009 au premier trimestre 2010, les éventuelles nouvelles extensions ne verront probablement pas le jour avant le dernier trimestre de 2010. Même si, sur ce terrain, l’Icann est dans le même temps poussé en avant par les acteurs les plus concernés : d’une part les registres (autorités de nommages) et les bureaux qui enregistrent les noms de domaine auprès des registres, et d’autre part, les personnes ou organismes d’horizons très divers qui portent des projets dont certains ont déjà acquis une certaine notoriété (comme le .berlin, le .health, le .sport…). A Mexico, quelques nouveaux projets d’extension se sont fait connaître, note l’Afnic : le .music, par exemple, ou le .eco, soutenu par le vice-président Al Gore et son association Alliance for climate protection, ou encore, dans la catégorie des villes, les .seoul et .tokyo. En revanche, il n’y a pas eu d’avancées particulières sur le sujet des extensions en caractères non latins.
Un groupe de travail sur la protection des marques
L’Icann n’est pas non plus revenu sur le prix outrancier du dossier de candidature, fixé à 185 000 dollars. L’organisation veut pouvoir récupérer les dépenses qu’elle a déjà réalisées pour établir le cahier des charges du projet : des documents très élaborés mis au point avec l’aide d’un cabinet juridique. « L’Icann devra également sous-traiter à des experts l’évaluation des dossiers de candidatures qu’elle va recevoir », reconnaît également Loïc Damilaville en constatant que l’organisation « reste ferme » sur le montant fixé. « Elle serait toutefois prête à faire un geste sur les frais de renouvellement annuels que les titulaires d’extensions doivent acquitter tous les ans. »
Parmi les décisions les plus intéressantes prises à Mexico figure la création d’un groupe de travail spécifique pour travailler sur la protection des marques, particulièrement mises en danger par la création de nouvelles extensions de nom de domaine. Un rapport sur ce sujet doit être remis lors de la prochaine réunion publique de l’Icann qui se tiendra à Sydney (Australie), du 21 au 26 juin prochain.
auteur: Maryse Gros
source LeMondeInformatique.fr